au service de l\'élève

éva de la pédago d'intégration

 

L’évaluation selon la pédagogie de l’intégration – Xavier ROEGIERS – août 2005 3
- le troisième a également une réponse adéquate aux répliques données, sans
aucune faute d’orthographe, mais les phrases ne sont pas bien formées ;
- le quatrième n’écrit pas les répliques à l’endroit des pointillés ; en revanche, il
produit un texte dans lequel, en langage indirect, il reconstitue tout le dialogue
dans un français impeccable.
Lorsqu’on interroge les enseignants sur la note qu’ils attribueraient à ces quatre
élèves, c’est pour le quatrième élève que les notes varient le plus — entre 0 et 10 sur
dix, ce qui est témoin d’un malaise —, mais c’est également pour celui-là que les notes
sont globalement les plus faibles. Or, quand on leur demande auquel de ces quatre
élèves ils confieraient des tâches qui requièrent la maîtrise de la langue, c’est le
quatrième que tous désignent. C’est donc au plus compétent en langue qu’ils attribuent
le moins de points. Ceci illustre le fossé qui existe entre l’école et la société, avec ses
attentes : lorsqu’ils évaluent, les enseignants accordent plus d’importance à des
aspects scolaires de la production (l’élève a-t-il exécuté ce qui lui est demandé), qu’à la
compétence de l’élève. Ce n’est pas naturel pour eux d’évaluer les compétences des
élèves.
1.1 Le fléau des réussites et des échecs abusifs
Les conséquences de ces pratiques sont désastreuses. On pourrait les examiner à
plusieurs niveaux, comme le niveau de l’élève, et le sentiment d’injustice vécu par lui.
Mais attardons-nous ici sur deux conséquences importantes, à l’échelle d’un système
éducatif.
Il existe une première conséquence, à court terme : celle de provoquer des réussites et
des échecs abusifs. Autrement dit, des élèves scolaires, mais non compétents sont
déclarés aptes à passer dans le niveau supérieur : ce sont des réussites abusives. En
revanche, des élèves compétents, mais moins scolaires, sont déclarés inaptes à passer
dans le niveau supérieur. Ils redoublent, alors qu’ils possèdent les acquis nécessaires
pour continuer leur scolarité ; ce sont des échecs abusifs. Réussites et échecs abusifs
constituent un véritable fléau pour un système éducatif. Il s’agit là d’un cocktail
efficace pour faire exploser l’hétérogénéité des classes, hétérogénéité qui est un des
facteurs majeurs qui entravent le travail de l’enseignant. C’est ainsi que l’école génère
elle-même les maux dont elle se plaint par ailleurs.
Une autre conséquence, à long terme, est ce qu’on appelle l’analphabétisme
fonctionnel : des élèves, qui ont suivi une scolarité de 6 années, 7 années, 8 années,
voire davantage, quittent l’école et, quand ils se retrouvent dans la vie de tous les jours,
sont incapables de réagir correctement à une situation quotidienne, c’est-à-dire qu’ils
sont incapables d’utiliser ce qu’ils ont appris à l’école.

 

 

 

 

 


 



15/07/2010

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